Investir en obligations du Trésor : Peut-on perdre de l’argent ?

Un chiffre suffit à brouiller les certitudes : en 2022, les obligations du Trésor américaines ont enregistré leur pire chute annuelle depuis plusieurs décennies. Oui, même les placements d’État peuvent vaciller lorsque la mécanique des taux d’intérêt s’emballe.

Quand on garde une obligation du Trésor jusqu’à son terme, le capital initial est bien remboursé. Mais l’histoire se complique si la revente intervient avant l’échéance : sur le marché secondaire, la valeur de l’obligation devient une variable mouvante, dictée par l’humeur des taux d’intérêt. Dès que les taux grimpent, le prix des obligations déjà en circulation s’effrite. Résultat, une cession anticipée peut se solder par une moins-value sèche.

Certains aléas, comme le risque de réinvestissement ou une inflation qui dépasse le rendement du titre, grignotent aussi les bénéfices attendus. Quant au scénario du défaut d’un État, il reste rare mais pas totalement impossible, même s’il relève souvent de la théorie plus que de la pratique.

Comprendre les obligations du Trésor : un placement réputé sûr, mais pas sans risques

Les obligations du Trésor occupent une place à part sur le marché obligataire. Émises par l’État, en France via l’Agence France Trésor, elles proposent un revenu connu à l’avance, d’où cette aura de sécurité. Pourtant, la stabilité n’est jamais absolue lorsqu’il s’agit d’argent public.

L’univers des obligations se révèle bien plus diversifié qu’on ne l’imagine. À côté des versions classiques, il existe des titres indexés sur l’inflation ou à taux variable. Les obligations assimilables du Trésor (OAT) dominent le marché français, mais l’offre ne s’arrête pas là : collectivités, entreprises et organismes internationaux proposent aussi leurs propres obligations. Cette variété façonne des profils de risque et de rendement très différents.

Pour qui s’intéresse à ces placements, le suivi de la valeur des obligations sur le marché secondaire devient un réflexe. Dès qu’un mouvement de taux d’intérêt secoue la planète finance, la valorisation des titres existants peut chuter, surtout en cas de vente avant la date prévue. Même les fonds euro des assurances vie, longtemps synonymes de stabilité, ne sont plus totalement épargnés par cette volatilité.

Les agences de notation comme Moody’s, Standard & Poor’s ou Fitch attribuent une note à chaque obligation, du investment grade au high yield. Ces distinctions pèsent lourd sur le rendement exigé et reflètent le degré de confiance accordé à l’émetteur. Avant d’investir, il faut examiner la liquidité, la fiscalité, le rendement réel et surtout la sensibilité aux variations de taux.

Peut-on vraiment perdre de l’argent avec une obligation d’État ?

L’image d’un État inébranlable continue de rassurer. Pourtant, les obligations du Trésor ne sont pas exemptes de risques. Même pour les émetteurs les plus réputés d’Europe, le principe de précaution s’impose.

Trois principaux risques sont à prendre en compte :

  • Risque de taux d’intérêt : la valeur du titre baisse si les taux remontent.
  • Risque d’inflation : les coupons versés perdent en pouvoir d’achat lorsque les prix s’envolent.
  • Risque de crédit : faible en zone euro, mais il existe toujours une part d’incertitude.

Le marché obligataire réserve parfois des surprises, y compris pour les titres d’État, qui ne sont jamais totalement à l’abri des à-coups du marché.

L’impact des taux d’intérêt sur la valeur des obligations : mécanismes et exemples concrets

Dans l’univers des obligations, la logique est implacable : quand les taux d’intérêt montent, la valeur des obligations déjà émises baisse. La raison est simple : un investisseur, à rendement égal, privilégiera toujours une obligation offrant un coupon plus élevé. Du coup, pour vendre une ancienne obligation, il faut souvent accepter une décote si les taux du marché ont grimpé entre-temps.

Imaginez une obligation du Trésor française au taux fixe de 1 % sur dix ans. Un an plus tard, si la nouvelle obligation équivalente affiche 3 %, votre titre à 1 % devient nettement moins attractif. Résultat : il ne se vendra qu’à un prix inférieur à sa valeur initiale. C’est le quotidien du marché secondaire, où les titres de dette changent de mains selon les mouvements de taux, bien loin d’une mécanique figée.

L’exemple récent de la Silicon Valley Bank révèle à quel point ce phénomène peut être brutal : la banque, confrontée à une hausse rapide des taux américains, a dû liquider son portefeuille d’obligations à perte. Ce genre de scénario rappelle que la « duration » d’une obligation, autrement dit, sa sensibilité aux variations de taux, joue un rôle déterminant. Plus la maturité est longue, plus la réaction à une hausse des taux sera forte.

Voici comment évoluent les prix en fonction des taux :

  • Taux en hausse : la valeur des obligations baisse, les nouveaux venus offrent un rendement supérieur au coupon initial.
  • Taux en baisse : les prix des obligations montent, les titres déjà émis deviennent recherchés.

L’inflation vient aussi compliquer la donne. Un coupon inférieur à la hausse des prix, et le rendement réel passe en territoire négatif. La perte potentielle ne se limite donc pas à la volatilité des prix, mais inclut la capacité de l’obligation à préserver le pouvoir d’achat. Sur le marché européen, chaque décision de la Banque centrale européenne est scrutée, car un relèvement des taux peut bouleverser l’équilibre du marché.

Tas de obligations du Trésor américain avec des billets et un cochon tirelire renversé

Investissement obligataire : repérer les pièges et adopter les bons réflexes pour limiter les pertes

Prévoir les mouvements de taux, c’est la base pour qui veut naviguer sur le marché obligataire. La sensibilité des titres, la fameuse « duration », doit toujours être surveillée, car plus elle est longue, plus le prix sera affecté par un changement du coût de l’argent. Une hausse des taux par la Banque centrale européenne pénalise surtout les obligations à faible coupon détenues depuis plusieurs années.

Pour réduire les risques, il est conseillé de diversifier ses placements. Voici quelques pistes à explorer :

  • Éviter de concentrer son portefeuille obligataire sur une seule échéance ou un seul émetteur.
  • Se tourner vers des ETF obligataires, des fonds euro ou fonds obligataires pour mutualiser les risques.
  • Opter pour une gestion active, tout en restant attentif aux frais de gestion qui peuvent rogner la performance.

La liquidité du marché secondaire peut se révéler trompeuse. Les grands investisseurs disposent de davantage de marges de manœuvre pour vendre leurs titres. Pour un particulier, une revente anticipée peut signifier accepter un prix inférieur, surtout en cas de tension sur les taux ou de crise de confiance.

L’assurance vie s’impose comme une enveloppe largement utilisée pour accéder aux obligations d’État ou aux ETF obligataires, notamment via des contrats récents comme Linxea Avenir Amundi. Diversifier sur des obligations internationales investment grade permet d’amortir les chocs locaux et de profiter des opportunités offertes par les indices mondiaux. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que, même pour les signatures réputées les plus solides, la sécurité absolue n’existe pas.

À chaque mouvement de taux, à chaque annonce de la Banque centrale, le marché rappelle que la prudence reste la meilleure alliée de l’investisseur. Les obligations du Trésor ne sont pas des forteresses imprenables, mais elles continuent, malgré tout, de tracer leur sillon dans le paysage de l’épargne avisée.